Le mythe du chantage émotionnel du Père-Noël, et notre rapport au conflit

par | Déc 1, 2022

Avez-vous été sages cette année ? Découvrez comment le chantage émotionnel fait aux enfants au moment de Noël, conditionne le rapport à l’autorité, au conflit et influence leurs futurs relations. 

Hier soir, je me suis baladée avec ma fille de 2,5 ans et mon bébé de 12 mois pour aller voir les lumières de Noël. Un moment magique et féerique. La proximité avec les passants dans les couloirs lumineux de Noël a encouragé le dialogue. Ce que ma fille adore car, même si elle est timide et réservée, elle aime être en contact.

En 45 minutes, ce sont trois personnes différentes qui lui ont demandé : « as-tu été suffisamment sage et gentille pour que le Papa Noël vienne te voir ?». « Tu n’as pas été vilaine, hein ? Tu as été sage pour que Papa Noël t’offre un cadeau ? ».

Même si notre culture va à cette encontre et que ce mythe est vieux comme le monde (et chacun est libre de faire croire au Père-Noel)…. Pourrait-on cesser de faire ce chantage émotionnel du Père Noël aux enfants ?

Peut-on arrêter de penser que les enfants sont des êtres capricieux, sournois, et désobéissants ? et qu’ils n’ont pas le droit de rentrer en conflit avec nous ? De toutes façons, ils le sont, constamment en négociation avec nous.

« Si tu es obéissant et sage, alors … tu vas recevoir ». « Plie toi et obéis à l’autorité, et tu auras de l’abondance… ». J’ai cette croyance que ces propos ont tendance à en faire des adultes effrayés par l’autorité. Avec une pensée qu’ils ne sont pas dignes de recevoir s’ils expriment leur désaccord, leur révolte ou leur colère. Et cette idée que je dois me comporter comme l’autre veut si je veux être aimé.

Ils laissent des traces pour plus tard dans notre rapport au conflit, nos collaborations et à notre capacité à nous sentir dignes de ne pas obéir ou d’être en désaccord.

Je propose au contraire de s’intéresser sincèrement à l’enfant, … pour lui et non pour vous. Et de manière générale, remplacer le chantage ou la récompense pour porter ce message : « Tu n’as pas à changer pour me plaire ma fille, tu n’as pas à faire les choses dont j’ai envie pour que je reconnaisse tes qualités, que je te voie. » (Citation d’André Stern).

Ma fille, tu recevras de la vie… quoiqu’il arrive. Tel que tu es, tout va bien.

J’ai d’ailleurs répondu à ces personnes « vous savez, même si ma fille n’est pas « sage » et « obéissante » à 100% du temps, saviez-vous que le père Noël passera tout de même ?